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Précarité fantôme

Quand il s’agit de payer les chargé·e·s d’enseignement vacataires, la ponctualité n’est pas le fort de l’Université. Traditionnels sont devenus les « bug system » tel que celui qui a repoussé de deux mois le versement des salaires – déjà semestriels – d’une partie de nos chargé·e·s de TD. Nouvelle qu’ils et elles ont, pour beaucoup, appris au détour d’un couloir. La communication n’est pas non plus des plus efficaces. D’ailleurs, entre les ATER*, les CDU* ou encore ces chargé·e·s de cours « vacataires », un brouillard semble flotter autour des enseignant·e·s non titulaires. Il faut dire que cette palette de statuts cache des situations très précaires, et des processus loin d’être clairs.

La baisse de la CSG (contribution sociale généralisée) définie par Macron, que les services de paie ont manqué de prendre en compte, est à l’origine de ces retards dans les salaires. Un aléa ponctuel donc. Si seulement il n’y en avait pas chaque année, des aléas ponctuels. Ne serait-ce pas la structure même qui pose problème ?

Souvent, un·e doctorant·e en contrat avec l’Université est encouragé·e à travailler gratuitement ; parfois, il ou elle est remercié·e avant la fin de son contrat, sans que les heures effectuées soient rémunérées. Puisque le processus de recrutement d’un·e chargé·e de cours passe par une série de personnes et d’administrations – département, UFR, administration centrale – son dossier peut être invalidé alors même que quelques cours ont été assurés. Comment sont arrangées ces situations peu enviables ? Avec des contrats bidons compensant les heures impayées, voyons.

L’incertitude liée à la situation de chercheur·se est telle qu’avoir une de ces positions ultra-précaires est envisagé comme une chance. Voilà qui explique le silence d’une grande partie de ces enseignant·e·s révocables ainsi que l’impunité affichée envers eux. S’installe bien confortablement un rapport de domination avec les titulaires qui les recrutent.

Manque énorme de financements pour que l’Université puisse fonctionner correctement et vacataires payé·e·s 4 fois moins que leurs collègues fonctionnaires : on aurait presque l’impression qu’il y a un lien entre ces deux informations. Comme ils ou elles sont économiques, ces vacataires ! Surtout quand on sait que la vacation, initialement réservée aux interventions ponctuelles, est devenue tout ce qu’il y a de plus commun. À la limite de la légalité. D’autant plus que l’Université s’arrange pour ne pas être l’employeur principal en mettant maintes conditions à l’emploi des vacataires (travailler 900 heures à coté par exemple), se dédouanant du paiement de leur chômage par la même occasion.

Le Collectif précaires s’organise au Mirail. Parmi leurs revendications, l’immédiate contractualisation – la titularisation restant la finalité – de toutes et tous ainsi que de meilleures conditions sur le traitement du chômage. Peut-être avez vous croisé leur cabane. Elle représente l’une de leurs premières revendications, celle d’avoir un local pour se « se rencontrer, s’organiser et être visible sur le campus ». Une manière d’être plus que des fantômes dans une Université qu’ils et elles font pourtant vivre.

* ATER : L’Attaché·e Temporaire d’Enseignement et de Recherche, à coté de son travail de recherche, est employé·e par l’Université en tant que contractuel·le. La durée de son contrat est variable.

* CDU : Une école doctorale s’engage à financer le travail de recherche du ou de la doctorant·e, au travers d’un Contrat Doctoral Unique. Ce contrat à durée déterminée est de 3 ans.


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