CMAV : Une fermeture qui interroge la place de l'architecture dans le paysage culturel toulousai
- L'Alouette
- 1 déc. 2015
- 3 min de lecture
Le Centre Méridional de l'Architecture et de la Ville (CMAV), situé à deux pas du Capitole, est un lieu de culture d'intérêt public centré autour de la promotion la création architecturale tant auprès des professionnels que du grand public, par le biais d'expositions et de conférences. Sa fermeture annoncée dès juin 2015 a causé une vive surprise dans le milieu ; enquête pour comprendre les enjeux d'un tel lieu et les raisons de sa fermeture.

Fondé en janvier 2000 par l'AERA (Actions, Etudes et Recherches autour de l'Architecture), le Centre Méridional de l'Architecture et de la Ville (CMAV) est fermé depuis quelques mois et personne ne semble vraiment au courant. Le texte fondateur de la structure rappelle que, au-delà de la création architecturale, c'est d'abord autour de la question du vivre ensemble que s'est construit le projet de créer un lieu « qui soit à tous et à personne », permettant de « dépasser ces frontières culturelles qui nous empêchent encore aujourd'hui de concevoir ensemble les murs dans lesquels nous aurons à vivre ensemble ». Cette démarche inédite contribuait à en faire un des trois premiers lieux de culture architecturale en France, souligne Stéphane Gruet architecte philosophe et co-fondateur du CMAV. Les étudiants en architecture que nous avons rencontré regrettent tous un lieu vitrine de leur discipline et outil de travail puisqu'ils participaient parfois à la création des expositions et constituaient une part importante du public, lors des conférences notamment. Un étudiant de quatrième année regrette un lieu de diffusion tandis qu'un troisième année souligne que « c'est un accès à la culture qui se termine ». Quant à la question de la raison de sa fermeture les étudiants soulèvent les problèmes que pouvait rencontrer le lieu selon eux : un manque de visibilité, de mise en valeur mais aussi un problème d'espace (manque de capacité « pour accueillir une grande conférence » ou pour organiser un vrai travail de médiation autour des expositions).
Malgré ces quelques bémols, le CMAV rencontrait un public varié autour des questions diverses qu'il abordait ouvertes sur la culture et l'urbanité. Selon S. Gruet « les objectifs étaient remplis, c'était un succès immédiat », il ajoute que le projet était étudié par des groupes de chercheurs, notamment au Canada.
« Le CMAV peut-il disparaître ? », telle est pourtant la question qu'ont été contraints de se poser ses fondateurs, ses animateurs et son public dès juin 2015. La fermeture soudaine du CMAV semble ainsi indépendante de la question de son utilité publique ou de son succès mais serait plutôt la conséquence du climat économique général qui conduit presque dans tous les cas à sacrifier la culture. Les restrictions budgétaires des collectivités, à l'échelle de la région et de la ville, visant à faire des économies ont ainsi touché le CMAV et ont fait souffler un vent de panique au sein de ses partenaires ; la présidence a finalement été amenée à prendre la décision de donner un préavis.
Si la structure de la rue Saint Pantaléon a bel et bien fermé, le CMAV n'a pas dit son dernier mot. Stéphane Gruet insiste sur le fait qu'il s'agit surtout d'une « restructuration », la fermeture n'est que provisoire et le Cmav « rouvrira sous une autre forme en 2016 » tout en préservant le même esprit. Le centre poursuit ses conférences qui sont pour le moment délocalisées à la cartoucherie, en attendant l'équipe « s'efforce de reconstruire, restructurer le même endroit pour 2016 ».
-> Une pétition a été créée par les collectivités publiques et autres partenaires du CMAV pour “ Que vive le « centre méridional de l'architecture et de la ville » ”, vous pouvez la trouver sur le site Avaaz.org ou sur notre page Facebook !
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