Easy Rider ou La liberté à l’état sauvage
- L'Alouette
- 16 avr. 2016
- 3 min de lecture

« En parler et être libre sont bien deux choses différentes ».
Beaucoup cherchent le bonheur, mais certains aspirent pour cela à rester en marge de notre société. Ce ressentiment est idéalisé par Wyatt (Peter Fonda) et Billy (Dennis Hoper), deux motards des années 1960 qui décident de prendre la route pour gagner la Nouvelle-Orléans. Entraînés dans une fabuleuse ivresse d’aventure, de voyage et de liberté, les deux hommes guident leurs bécanes à travers une Amérique lointaine et sauvage. Cette longue chevauchée que l’on peut qualifier de « road movie » nous ouvre les yeux sur une société profondément fracturée. En effet, après nous avoir dévoilé le panorama resplendissant des contrées inhabitées, le film met l’accent sur un monde de normes et de préjugés. De cette Amérique aux mœurs discriminatoires, misogynes et racistes s’oppose l’émergence d’un mouvement de contre-société. Mettant en image la vie et les valeurs de cette communauté marginale, le réalisateur a fait du film un emblème phare pour l’ensemble de la génération hippie. De ce fait, Easy Rider prône une existence hors des normes imposées par la société. Société qui, par le caractère rétrograde de l’époque, met en péril ces « chevelus » libres et différents. Par conséquent, il n’est pas anodin que nos deux compagnons en viennent à rencontrer George Hanson (Jack Nicholson), un avocat travaillant pour la ligue des libertés civiques. Dès lors, si ce véritable message d’humanité nous est adressé, cela est loin d’être sans raison. Il est vrai que les conditions de tournage qui en ont fait un film culte à jamais ont également permis à Easy Rider d’exprimer ses idées sans être limité par les intentions d’un producteur grâce à l’apparition de la « new wave » qui dépasse le cinéma classique dans les années 1960. Il s’agit d’un nouveau courant de jeunes réalisateurs disposant librement du « final cut », c’est à dire du film fini. Ainsi, les réalisateurs de cette époque peuvent désormais s’exprimer librement dans leurs œuvres sans les contraintes imposées par un riche producteur. De ce fait, Dennis Hoper, le réalisateur (qui joue aussi le rôle de Billy), a pu marquer la naissance d’un Nouvel Hollywood rompant avec les normes imposées dans le cinéma classique. Cette révolution Hollywoodienne, cette liberté totale dans la réalisation, s’est caractérisée par l’apparition de nouvelles techniques cinématographiques présentes dans le film. Par conséquent, on renie le « Code Hays » qui obligeait auparavant à respecter certaines règles de bienséance. Dennis Hoper a montré l’exemple le plus connu de ce rejet dans son film, sachant que l’on assiste à plusieurs scènes exhibant l’usage de drogues, mais aussi la visite d’un bordel par nos deux motards. La petite anecdote qui confirme cette nouvelle liberté d’entreprendre raconte que les nombreuses consommations de Marijuana présentes dans le film n’étaient pas factices, cela rendant le jeu des acteurs d’autant plus intriguant. Également, le plan général utilisé pour filmer le voyage nous offre un paysage digne des plus grands westerns, confirmant ainsi la volonté de faire du Rider un cow-boy des temps modernes. Et cela va sans dire que Peter Fonda, le fils du grand acteur de western Henri Fonda prend cette relève avec un grand talent. On voit également l’apparition de la première Bande Originale pour un film avec le célèbre titre Born to be wild de Steppenwolf, titre qui montre également des influences Rock’n’roll extrêmement fortes. Elles symbolisent le rock de la génération hippie avec If six was nine, l’un des titres les plus connus de Jimi Hendrix ou encore It’s alright ma composé par Bob Dylan. Mais plus encore qu’un symbole du rock’n’roll, Easy Rider est un phénomène social qui met en scène l’émergence d’un véritable clivage dans la société américaine.
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