Jet-Lag
- L'Alouette
- 16 avr. 2016
- 1 min de lecture
Je pose pied, au bord du champ de charbon. Mes doigts nus, brûlent sous l’air acide, les paillettes de braise, découpent ma chair. Face aux bourrasques de sang, je retiens ma respiration, en apnée sourde, mes dents se brisent. Les macchabées décharnés et blancs, mordent le bord de mes paupières, gagnent mon paysage tailladé. Mon poumon éclate, s’éparpille par mes côtes, la liqueur oxygénée s’écoule le long de mes flans. Au loin, la carcasse de ses mains s’agite, un éclat m’aveugle, je perd l’équilibre. L’enclume de mon bras me paralyse, stupéfaite, le temps passe sur moi, grignotée par incandescence. L’arôme de sa peau, agrippe mes sens, le miel de ses yeux englue mon corps de noyée. Le pas des monstres, démembre son visage, les Te-Deum chantés par mes songes, attendent ma chute dans l’abîme. Tout à coup la bombe humaine m’éventre, m’égorge, mes organes s’entrechoquent, je crois mourir, les résonances des ondes radio vrillent mes tempes. Ses paumes chaudes et moites posées sur le feu de mes joues, le choc électrique relance mon moteur. Je tousse les grains de sulfure coincés dans ma gorge et inspire la chlorophylle de son haleine. Déjà une éternité passée loin d’elle. Un temps sans fin m’emplissant de vide. Elle n’a pas changé. Sa vision envoi dans mes veines, tous les jasmins et les encens du monde. Ma statue de stuc s’est mise à déborder, les perles précieuses dégringolent de mes cils. La pulpe de ses doigts les rattrape, les étale sous mes cernes. De nouveau entière, je soulève mes chaînes et nous quittons l’aéroport.
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